[Offre de partenariat] Détective Privée Bellunaire

Bon. J'ai plusieurs raisons d'être sur les nerfs. D'avoir perdu mes locaux dans l'incendie. Qui faisaient aussi office de domicile. Et la disparition de tous mes dossiers dans le tas. Des années de travail réduites en cendres. Mais pour dire vrai, ce n'est pas ça qui me dérange le plus. Un bureau neuf, ça se trouve facilement, quand on sait où chercher et comment négocier. Et pour la paperasse, ce n'est pas si grave. La plupart des clients sont probablement mort lamentablement, depuis le temps. L'effort de guerre a l'avantage de nettoyer votre répertoire.
Non, ce qui m'énerve vraiment, ce qui me met hors de moi, c'est de ne pas avoir vu la chose venir.

Commençons par le commencement. Ceci sera sûrement le premier de tous mes dossiers à venir, alors autant revenir aux sources. Histoire que si un crétin réquisitionne ma nouvelle planque quand je ne serais plus de ce monde, ou qu'un ennemi vienne fouiller mes affaires, l'un comme l'autre sache à quoi il a affaire.
Mon nom est Roliase Bellunaire, Dame Roliase pour ceux qui savent s'exprimer convenablement. Ancienne Forestière-Sombre au service de la Dame Noire, désormais détective privée. Comme le dit un de mes contact, c'est un « business tellement perché que même un Hobgobelin n'y balancerais pas une pièce ». Il apprendra peut-être un jour qu'on trouve dans les secrets des ressources bien plus efficace que n'importe quelle montagne d'or. Mais, hey, si les gobelins savaient faire chanter convenablement, il y en aurait un dans Elite Tauren Chieftain, non ?
Humour mis-à-part, autant décrire explicitement mon boulot. Il y a toutes sortes de raisons pour lesquelles un mort-vivant peut vouloir des détails sur son passé. La plupart oublient simplement une grande partie à l'éveil, et désirent un rafraîchissement de mémoire. Certains ont besoin de savoir comment des histoires laissées en plan se sont terminées. D'autres cherchent juste, purement et simplement, la vengeance. Peu importe la raison, je me suis spécialisée afin de les aider. J'ai certainement, à moi seule, lue d'avantages d'archives de villages paumés que n'importe quel soit-disant archéologue. C'est sûr, quand il n'y a pas de trésor à la clé, le passé perd de son intérêt pour la plupart.
C'est là qu'est toute l'erreur. Dans le passé, on trouve bien des choses. Autant être honnêtes : je ne fais pas ce travail par compassion ou empathie pour les gens en quête d'identité. Je me contente de tisser une toile, à base de secrets dévoilés et de services rendus. C'est bien pour ça que l'or a perdu tout intérêt. Si je désire une chose, un simple sourire envers le bon individu peut me l'obtenir sur le champs. Que cela soit expliqué par un sentiment de gratitude, de peur ou d'anxiété, peu importe. Quoiqu'ils aient à cacher, ou à protéger, ils savent très bien que je le sais déjà, où que je peux l'apprendre très vite.
Un bon réseau, une réputation sinistre, et de bonnes compétences martiales. Et vous voilà à l'abri de tout et tout le monde.

...jusqu'à ce que ce crétin vienne me demander mon aide.



Lorsqu'il est entré dans mon bureau pour la première fois, je n'ai pas vu autre chose que le mort-vivant moyen. Un amas de chair et d'os pitoyable, à priori fraîchement ranimé, puisqu'habillé de lambeaux et clairement perdu dans le monde. Le cliché habituelle du civil réveillé il y a peu, sans repères ni but dans sa nouvelle vie, cherchant des réponses dans la précédente.
Ceux sont généralement les cas les plus simples. Bon, le fait que ce client n'avait pas de mâchoire n'avait pas simplifié la communication initiale. Sur le coup, j'ai dû lui faire écrire ce qu'il voulait demander. S'il avait parlé en Thalassien, même avec la moitié de son visage traînant quelque part dans le monde, j'aurais peut-être pu comprendre autrement. Mais je ne suis malheureusement pas suffisamment compétente en langage Réprouvé pour interpréter directement ses bafouillages.

L'homme s'est présenté sous le nom de August Harker. Pour autant que sa présence m'insupportait, il avait le mérite d'avoir gardé quelques informations utiles de son passé. Y compris de la personne qu'il désirait retrouver. Aussi, il m'a directement fourni une bourse d'or assez conséquente. Ç’aurait dû me mettre la puce à l'oreille, maintenant que j'y repense. Mais je suis simplement partie du principe qu'il avait été enterré avec ses biens personnels, ou qu'il avait réussi à voler ça au premier venu sur la route.

L'affaire a donc commencé ainsi. Il m'a raconté tout ce qu'il savait – ou du moins ce qu'il voulait que je sache – et m'a envoyé fouiller les recoins de son passé, à la recherche d'indice sur son soit-disant némésis, Elias Forflam. L'homme en question était un demi-elfe originaire du Refuge de Quel'Lithien. Mage autodidacte, nécromancien du Culte des Damnés. Le stéréotype classique de l'ordure avide de pouvoirs. Deux questions se posaient, donc.
La première était de savoir ce qui lui était arrivé après la Troisième Guerre, l'époque à laquelle Monsieur Harker prétendait l'avoir vu pour la dernière fois. De plus, comme la plupart des nécromanciens, il avait certainement changé d'identité avec l'avènement du Fléau. Tout le monde ne né pas avec un nom aussi impressionnant que Kel'Thuzad.
La deuxième question, une fois son parcours retracé, aurait été de savoir s'il était encore de ce monde ou non. Sans vouloir gâcher le plaisir du lecteur, qui de toute façon, je l'espère, sera exclusivement moi, l'individu était déjà mort lorsque mes recherches avaient abouties.

Quoiqu'il en soit, beaucoup de travail se présentait. La première chose à faire, en toute logique, aurait été de fouiller Quel'Lithien à la recherche du domicile de la famille Forflam, ainsi que d'un quelconque registre dénotant les pertes de la Troisième Guerre. Ce n'est pas la première fois que je recherche un nécromancien du Culte : de ce que j'ai pu observer, la plupart du temps, la famille préfère déclarer la personne comme morte plutôt que d'accepter le déshonneur que sa trahison apporterait à leur nom.
Contrairement aux registres de Lordaeron, qui sont facilement accessibles à qui sait s'y prendre, ceux de Quel'Lithien présentaient quelques obstacles. Depuis quelques années, le village, en ruine, est peuplé de Déshérités. Ceux-ci ne sont pas une mince affaire à traiter, de par leur nombre dans le Refuge. Fort heureusement, les montagnes aux alentours forment d'excellents points de couverture, et avec l'or fourni par Monsieur Harker, je pu facilement convaincre un de mes contacts de s'y infiltrer pour moi, tandis que j'abattais les plus perceptives de ces abominations depuis la sécurité des hauteurs.
J'avais eu vent des agissements du Flétrisseur dans la région. En bon Champion de la Dame Noire, celui-ci avait bien veillé à ne laisser que peu de traces. Malgré tout, ses envoyés avaient bien mis à sac l'endroit, et il fut impossible, au final, de trouver le moindre élément utile.

Évidemment, cela ne m'a pas fait abandonner l'affaire. Selon mes contacts, il y avait une survivante à la dévastation de Quel'Lithien. Une survivante suffisamment saine d'esprit pour être utile, en tout cas. Kriss Lumedor, Quel'dorei du Refuge, s'était exilé loin en Pandarie suite à la destruction de son foyer. Le voyage allait être long, mais je n'aurais pas supporté de laisser une affaire en plan. Quasiment tout le reste de la somme offerte par Monsieur Harker disparu pour financer le voyage. À vrai dire, je ne m'en plaindrait pas. Ce furent des vacances agréables, au moins.

Comme mon informateur l'avait avancé, Dame Lumedor vivait désormais au Siège de la Connaissance. Je dois avouer avoir à la fois apprécier et détesté ma rencontre avec elle. Autant, elle fut d'une aide inestimable à mes recherches, autant... elle a insisté très fort pour que je l'écoute monologue à propos de la fondation de la Horde et de la chute du prince Arthas. Je suppose que c'est pour cela qu'elle a trouvé un nouveau foyer chez les Chroniqueurs Pandarens : certaines personnes ne peuvent simplement pas se passer d'écouter le son de leur propre voix rabâcher des histoires connues de tous. C'est sûrement ma nature même de garder les secrets d'autrui pour moi qui m'a tant fait la détester.
Quoiqu'il en soit, j'ai pu apprendre de sa part le destin du nécromancien. Sous un nouveau nom, Elias Mort-flamme (très original de sa part, ce pseudonyme...) était parti rejoindre le Culte des Damnés en Norfendre. La suite fut extrêmement simple à faire progresser. S'il y a bien une chose que j'admire chez le Fléau, c'est qu'ils laissaient les postes important uniquement aux membres intellectuellement avancés et d'une logique froide et efficace. De fait, le peu de dossier et rapports écrits sont si exhaustifs qu'au final, ils sont bien plus utiles que n'importe quel registre rédigé par le premier péon nommé maire. Si la bureaucratie doit avoir un visage, ça serait celui du Fléau.


Quoiqu'il en soit, après un peu de bouquinage dans les livres déjà en ma possession, mais qui ne sont malheureusement, désormais, que des tas de cendres, je pu localiser les restes de Elias. Celui-ci, malgré avoir réussi le rituel permettant de devenir une liche, avait été occis quelques mois plus tôt.
Je retournai voir Monsieur Harker, afin de lui annoncer la nouvelle, et lui proposer de payer des frais supplémentaires pour retrouver le phylactère de la liche. En vain. C'est à ce moment que les masques tombèrent. Ou l'inverse, à vrai dire.

August, déclinant l'offre, se mit à rire, et enfila un masque similaire à celui des orcs du Crâne-Ricanant. Il posa aussi, sur mon bureau, le couvercle du phylactère, me proposant « ce joli cendrier » comme lot de consolation. Je dois avouer que, malgré mon habitude de rester stoïque dans les moments les plus difficile, la colère voilait totalement mon jugement sur le moment. Son attitude laissait beaucoup de questions ouvertes, et autant d'incompréhension. Son comportement, qui se révélait à peine, ne faisait déjà plus aucun sens.
De toute évidence, il avait trouvé Elias de lui-même, et lui avait même réglé son compte. Alors pourquoi m'embaucher ? Pourquoi me donner l'affaire s'il avait pu la résoudre seul ? Pourquoi m'offrir une grosse somme d'or s'il n'y avait aucun besoin de les services ?
J'ai l'habitude d'être suivie. Je sais que je ne l'étais pas de toute cette affaire. J'en suis certaine, il avait mené sa propre enquête, en parallèle, et avait atteint un meilleur résultat, et plus rapidement. Comment ? Pourquoi ?
« Juste pour voir qui était le plus rapide ». C'était sa réponse. Vraiment. Quel genre de... abruti lobotomisé puéril joue à ce genre de jeu ?!
Livide, alors qu'il sortait de mon bureau en riant, me remerciant pour toute mon « aide » et « l'amusement » qu'elle pu lui procurer, il chevaucha sa monture – une chèvre ridiculement lugubre – et se prépara à partir. Livide, je ne pu accepter une pareille fin. Sortant rapidement mon arme, je tirai un projectile droit dans la patte de la monture, avec la ferme intention de la stopper nette.
Grave erreur. Cette saleté était tout aussi nécrotique que son propriétaire, et si la balle avait bel et bien laissé un large sillon dans le muscle de la bête, elle n'en eu pas besoin pour continuer à se déplacer. Cependant, elle décida de changer de direction, et charger vers moi, décidée à me faire payer.
Je pu esquiver aisément la charge, tandis que August sautait de sa chèvre, désormais incontrôlable.
La bête ravagea mon bureau en un instant. Les étagères s’effondrèrent, les murs tremblèrent... les bougies tombèrent.

Et sous mon regard horrifié, cette animal ignoble sorti, satisfait, de mon bureau en flammes.

Je peux difficilement dire quelle expression se trouvait sous le masque de August, mais quelque chose me dit que son amusement était sans précédent. « Oups ». C'est tout ce qu'il ajouta, avant d'agripper à nouveau sa monture capricieuse, et à repartir comme si rien n'était.


Honnêtement, j'aurais dû le voir venir.